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Interviews & Articles

  Interview with French/German TV channel "arte"
December 2000

Art means different things for different people and we all have personal tastes – where they come from, we don't know. But these tastes can evolve, or devolve. What worries me is that in the present time tastes are devolving and very few people are engaged in what is on screen or what is in a painting and it's just a one-way hollow thrill.


Interview with David Lynch

Il y a longtemps, mon copain Neil m'a dit : " Il faut être sur Internet ! ". A l'époque, il n'y avait que des images fixes qui mettaient des heures à apparaître et beaucoup de texte.

Or je ne tape pas à la machine, donc je me sentais pas très concerné. Puis , l'Internet est passé à la vitesse supérieure et ça a commencé à me fasciner. La qualité est toujours assez médiocre, mais ça progresse à chaque seconde ! Ca fonce de plus en plus vite ! Et c'est le truc le plus fascinant que je connaisse. L'Internet c'est le téléphone Arabe : quoi qu'il arrive, ça va très vite, le bon comme le mauvais. Un gosse monte son site sur un sujet quelconque, c'est génial et très vite le monde entier est au courant. C'est comme ça que ça marche. C'est une occasion d'expérimenter, et la qualité parfois, dicte l'histoire d'une façon bizarre.

Quand on voit un certain types d'images et la manière chaotique dont elles s'animent, il se passe quelque chose auquel vous vous adaptez et vous vous mettez à faire des trucs qui y correspondent. Avec l'amélioration de la qualité, les histoires changeront et vous allez trouver votre voie dans ce monde. Et ça va évoluer. On racontera toujours une histoire, il s'agira toujours d'une atmosphère, mais avec une qualité étrange, c'est tout. On a le sentiment que tout est lié. Par conséquent, si on fait quelque chose à un endroit, ça aura des répercussions ailleurs.
C'est ça le plus beau ! ET les idées se multiplient en vous, mais il faut d'abord échafauder l'infrastructure. C'est là où j'en suis.
Au départ, c'est un processus énorme et lent, mais au fur et à mesure, les autoroutes se mettront en place, on y balancera nos trucs et les idées se mettront à bouger encore plus.

LA CAMERA NUMERIQUE

C'est comme crayon et papier.
Quand on les a inventé, les gens ont pu écrire des histoires. Certaines sont géniales et d'autres moins bonnes . La caméra numérique n'est qu'un outil et certains feront des trucs géniaux grâce à elles. Mais surtout, elle est à portée de plein des gens. Tout le monde a donc la chance de pouvoir créer quelque chose et de le diffuser là ou d'autre pourront le voir.
-Vous avez une camera DV ?
-Oui.
-Vous tournez tous les jours ?
-Non mais de plus en plus !
Bientôt ce sera tous les jours ! J'expérimente : J'ai construit un plateau, sur la colline, juste au sommet. Il y a une petite maison là-haut, toute propre, avec notre équipement, et la scène est à l'extérieure . On peut y construire des plateaux et expérimenter.
C'est comme un auditorium d'extérieur, sauf qu'il n'est pas insonorisé. C'est une scène d'extérieure où on peut construire un environnement et tourner.
-Quand vous tournez en numérique, vous tournez ici ?
- Oui ! J'ai filmé une ruche, un nid d'abeilles, pendant une heure, une cassette entière. C'est incroyable …
- Et ça sera sur la toile ?
- Oui . J'ai filmé un truc l'autre nuit, ça dure 12 heures. Mais les 12 heures ne seront pas sur le site, il y aura un montage de 28 minutes. La caméra ne bouge pas. Ca a été filmé en format vidéo, puis numérisé, mis sur ordinateur, passé par QuickTime Movie, envoyé en studio, filmé à même l'écran et mixé ! Doucement mais sûrement, on passe d'un format à un autre et on en fait un fichier informatique qu'on met sur l'internet. Tout a été réfléchi et c'est vraiment très beau.
Mais c'est une image fixe…On peut la faire bouger, on peut tout faire ! Certaines choses sont fixes, d'autres animées. Quand elles bougent une fois en ligne, le mouvement est inhabituel, chaotique, rigolo et procure un sentiment différent, et c'est ce sentiment qu'on travaille. On ne va pas à l'encontre du support, mais on l'épouse, et on trouve sa voie en fonction de lui. C'est comme ça. C'est une expérience et ce qu'on tente nous emmène vers d'autres choses qu'on aurait pas faites et nous ouvre de nouveaux mondes. C'est le but de la manœuvre. Cette sensation de liberté, cette légèreté et cette rapidité n'ont rien de néfaste, elles nous font découvrir des choses nouvelles.

LONGS METRAGES CONTRE NUMERIQUE

Dans un long métrage, ce qui me plait, c'est qu'il y a un début un milieu, une fin et ça coule. Cette forme de fluidité, c'est comme un morceau de musique.
On n'arrête pas une symphonie en plein milieu pour en parler ou discuter avec les joueurs de cors ou le bassiste. Ca doit couler, car tout est construit en vertu des raisons précises pour donner des sentiments à la musique.
Un film c'est comme la musique : si vous l'interrompez, vous le tuez. Comme avec la pub. Les gens s'y sont habitués. Pour que ça marche, vous devez bâtir votre création pour que la pub la serve.
Mais avec un long métrage , ce qu'il y a de plus dur c'est de le faire couler pour qu'il vous emporte pendant 2 heures. C'est dur. Les éléments doivent tous être en harmonie, sinon, le public décroche.
C'est un nouvel âge. Ce n'est pas une mode ça ne disparaîtra pas, c'est trop amusant et trop irréversible. D'autant que c'est à la portée de tous. Ce n'est pas gratuit, mais c'est à la portée de chacun. Je crois qu'il existe, grâce aux forums et aux courriers électroniques, un sens communautaire.
Les gens vont sur l'internet et la communauté ne cesse de s'agrandir. Les gens y vont tantôt seuls tantôt à plusieurs pour discuter de différents sujets et faire des découvertes. Ca se développe, c'est à portée de main et ç'a ne fait que commencer.


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© Mike Hartmann
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